La posture libre-échangiste de la Chine n’est qu’un leurre
Le président chinois Xi Jinping a annoncé cette semaine que la Chine allait s’ouvrir davantage au libre-échange, notamment aux importations. Cette annonce fut délivrée à l’occasion de la bien-nommée « foire aux importations » organisée par la Chine comme un pied de nez aux vociférations protectionnistes unilatérales du président américain Trump. Voilà de quoi satisfaire les élites libérales aux manettes de nombre de gouvernements, d’entreprises, et de médias. Le gain politique pour Xi Jinping est clair sur la scène internationale, jouant avantageusement du contraste d’image avec son homologue américain.
Dans ce spectacle d’ombres chinoises, les médias libéraux satisfaits se sont donc contenté de brandir la Chine en exemple, sans chercher à vérifier si l’histoire qu’on leur comptait correspondait bel et bien à la réalité. Le concert médiatique pro-libre-échange a joué sa partition unique en répétant les mêmes poncifs : les articles du Monde, de L’Obs ou du journal belge 7sur7 à ce sujet suivent exactement le même développement narratif, et des passages entiers sont identiques, à la virgule près. Si l’UE n’était pas réputée démocratique, on pourrait même croire à une page de propagande organisée par un camp idéologique au pouvoir.
Pourtant, comme nous le révélions déjà en juin dernier, la Chine joue un double jeu. Sa vitrine officielle annonce une volonté d’ouverture commerciale, de libéralisme économique mondialisé et de libre-échange. Mais dans le même temps, le gouvernement chinois prépare dans son arrière-boutique un mécanisme protectionniste caché terriblement efficace, et compatible avec la signature d’accords de libre-échange avec d’autres nations.
Alors que les accords de libre-échange interdisent les taxes sur les produits importés, la Chine a trouvé un moyen de pratiquer le protectionnisme sans taxes sur les importations. La Chine va forcer sa population à consommer chinois non par l’intermédiaire des prix, des lois de l’offre et de la demande, seul système de régulation que les libéraux semblent capables de concevoir, mais par la loi, purement et simplement. Les importations seront autorisées sans droits de douane mais il y en aura peu car, indépendamment des prix et des taxes, les chinois devront consommer les produits locaux sous peine de punitions. Le mécanisme économique du libre-échange a beau faire écran devant le mécanisme politique du contrôle de la population, la réalité est là: la Chine, première parmi les puissances émergentes, ne veut pas ouvrir ses marchés à tout vent.
Sacha Escamez
Photo: Armée de terre cuite, fouille du tombeau de l'empereur Qin, Xi'an. Source: pxhere, CC0 Domaine public
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